Second CPD de la semaine pour moi. Seconde occasion donc pour moi de travailler un sujet en profondeur, dans un format un peu plus long que d’habitude (2 minutes). Après l’éclairage nocturne des commerces, voici : le slip qui sent bon, 100% made in France. Le sujet prête à sourire, mais moi, j’ai envie de le traiter en vrai sujet de fond…

Le Slip Français est une start-up parisienne. Son succès – 400.000 euros de chiffre d’affaires pour sa première année – vient de son concept : le made in France et « l’acheter français ». Ou quand l’origine de fabrication remplace la marque comme critère d’achat.

L’entreprise a été contactée par un industriel de la région. Lemahieu est le dernier fabricant de textile du Nord-Pas-de-Calais. De plus en plus positionné sur le marché des cosméto-textiles, il a proposé au Slip français de lancer un produit à base de micro-capsules de parfum insérées dans le tricot. Le créateur parisien a adoré l’idée. Il a créé un parfum avec un laboratoire et s’est occupé du marketing, domaine où il excelle grâce à son ton décalé, au point que je n’ai pas pu m’empêcher d’insérer des extraits de leurs vidéos dans mon reportage.

Mais là allait s’arrêter mon traitement « rigolo » de cette actualité. Car je ne fais pas un CPD (une journée pleine de tournage, une matinée complète pour monter, un format de 2 minutes) pour faire de la fin de canard… Et pour le coup, nous sommes face à un vrai sujet économique : peut-on encore faire des vêtements en France ?

Impossible de faire un dossier pour vraiment répondre à cette question, mais je me devais au moins de présenter cette actualité à travers le prisme du made in France.

 

 

Mon rédacteur en chef me reprochera seulement, « même si c’est rapide » et si « on pinaille », d’avoir commencé par les entreprises. Il aurait voulu avoir le slip tout de suite. « Regarde, tout le monde a rigolé à la conf’ ce matin en parlant du slip qui sent bon ».

D’accord, mais :

– J’avais un problème d’image. Je n’avais pas suffisamment d’images du slip en question, parce qu’on n’a pas fait d’image du slip en dehors des ateliers. Difficile aussi de trouver une image forte d’accroche qui illustre le fait que le produit sent bon (l’odeur, c’est pas très visuel). Seule la vidéo d’animation le fait bien, mais je ne voulais pas démarrer le sujet par des images de pub.

– C’était un choix éditorial. « Je ne suis pas là pour faire la pub du Slip français, je peux pas démarrer là-dessus », ai-je expliqué à mon red-chef’. « C’est pas une question morale », m’a-t-il répondu. Non, c’est éditorial. Je voulais faire un sujet économique et régional. Dès lors, il fallait démarrer par cette idée de partenariat entre un grand industriel du nord et un petit créateur plein d’idées marketing.

– Une question de rythme. Ne pas présenter le slip tout de suite crée une certaine attente et, surtout, me permet de faire une « pause » dans le sujet. Comme l’a admis mon chef, en démarrant par le slip, cette option m’aurait obligé a passer tout le reste du sujet dans les ateliers de Lemahieu, ça aurait fait un long tunnel.

Bref – et au fond, mon rédac-chef l’a reconnu – j’ai choisi une structure de sujet imparfaite mais cohérente et équilibrée. Je suis personnellement heureux d’avoir faire sortir 2’10 » assez rythmées de la masse de sons et d’informations que j’avais recueillis en tournage.