Je viens de vous raconter le début de ma vie de CCD chez France 3 et notamment ces 3 mois passés dans la rédaction de Grenoble. Eh bien cet épisode estival a été le moment d’une importante étape dans ma progression professionnelle.

Présenter le journal à la télévision. Certains en rêvent. Moi, pas exactement, mais je n’étais pas pressé. Et lorsque l’occasion s’est « présentée », j’ai d’abord eu une réaction de défense : « C’est un peu tôt, j’ai déjà pas fait beaucoup de directs, ils se comptent presque sur les doigts de la main, alors la présentation !… » Puis j’ai considéré que c’était une chance à ne pas louper.

Une semaine d’été à France 3 Alpes. Deux présentateurs dans la semaine. Mais personne pour le mercredi. Un collègue et ami est appelé à la rescousse mais refuse d’occuper ce poste. Alors le red-chef du pôle web, devenu mon parrain officieux dans la rédaction, insiste auprès des chefs de la station : il faut me tester dans ce rôle !

La proposition m’est faite. Ou plutôt : la décision est prise, je suis planifié comme présentateur le mercredi en question. Ok. Gloups. Bon. Aaaaaaaaaah j’ai des palpitations. « Qu’importe : je finis le montage de mon sujet, je réfléchirai à ça ce soir ! »

Le lundi, après avoir passé des heures le week-end à faire les soldes pour trouver une veste de costume bien coupée et à bon prix, j’arrive au travail pour deux journées sur le web. Mais sur proposition de la scripte (merci ô grand merci à elle), je prendrai finalement quelques heures, les deux après-midi, pour m’exercer à la présentation, en studio.

Lundi après-midi, grâce à la bonne volonté des techniciens, nous faisons donc un « journal à blanc », avec les textes et les images du 19/20 de la veille. Première utilisation (de ma vie) d’un prompteur. Je tente d’appliquer les conseils de deux amis présentateurs. Et je me souviens de mon expérience à l’IPJ, quand nous nous étions déjà prêté au jeu de la présentation, entre nous…

On remet ça mardi. Ca se passe globalement bien. Quelques couacs sur la forme, j’ai tendance à m’avachir un peu. Et le cadrage de la caméra principale, très serré, ne me permet pas de m’avancer sur le table, de parler en posant mon coude, ou de bouger mes mains pour appuyer mon propos. C’est très frustrant : ma manière de présenter, du moins celle que j’avais dessinée à l’IPJ, est remise en question.

Mercredi. J’arrive un peu en avance à la conférence de rédaction, après avoir étudié l’actu sur mon iPhone dans le tramway. Plus que jamais, je prends cette journée au sérieux ! Nous établissons le conducteur, et je peux partir dans mon bureau (car le présentateur a son propre bureau) pour écrire mes lancements.

Je m’inquiète d’abord. Une équipe de tournage tarde à partir sur l’info de la journée, connue depuis la veille et qui fait la Une des JT partout en France : un homme abattu dans un braquage. Peu avant 10h, l’équipe finit par partir et nous pourrons faire un direct avec eux à midi. Je suis pleinement rassuré quand j’apprends que nous récupèrerons un sujet fait par la rédaction de Lyon, qui avait une équipe sur place dès la veille. Ouf !

Le stress monte vraiment vers 11h30. Heureusement, je suis dans les temps : tout est écrit, les temps sont comptabilisés, et je peux aller me faire maquiller. Un moment de détente. Et très vite, c’est l’heure. Le JT va commencer.

Déjà fini ?! C’était court (même avec les sujets – que j’ai supprimés ici pour ne pas vous embêter trop longtemps) ! Les JT d’été sont ainsi. Mais l’épreuve est passée vite et ce n’est pas qu’un constat objectif : j’y ai pris du plaisir. Dès la première fois. « C’est énorme », me confira mon chef du web.

Une belle étape de franchie. Je reçois beaucoup de compliments, les gens semblent avoir été bluffés par ma prestation. J’en suis d’autant ravi que leurs avis sont mesurés, ils me disent aussi ce qui ne va pas : j’ai encore tendance à me poser sur la table, donc mes épaules apparaissent de travers à l’écran sans que l’on comprenne pourquoi ; et j’ai pas mal savonné durant le journal. Je ne pouvais pas espérer mieux : j’ai réussi mon premier JT et je sais sur quoi travailler pour que le second soit meilleur.

De retour à la rédaction à 15h. Le conducteur du JT du soir est peaufiné. Et c’est reparti pour la rédaction des lancements. Je suis détendu. Peut-être un peu trop. Car quand l’heure du journal approche, je n’ai pas re-re-relu tous mes lancements, comme j’aurais du pouvoir le faire au terme de 4 heures de préparation.

Je perds un peu de temps sur une question vestimentaire : gilet ou pas gilet ? J’aime alors j’y vais, ce sera gilet, même si nous sommes dans un JT régional et que c’est l’été, deux arguments que l’on pourrait retenir pour opter pour une tenue plus décontractée. A 5 minutes du journal, le red-chef valide mon choix à l’oreillette. C’est bon.

Sur le fond, tout est prêt. Je suis installé. C’est parti.

Malaise. Du « malaise ». C’est ce que j’ai ressenti à la sortie de ce second journal. Pourquoi ? D’abord parce que j’ai fait une grosse erreur en début d’édition : mon troisième titre n’est pas le bon. J’ai annoncé une information alors qu’une autre était présentée à l’image, et l’erreur vient de moi : j’avais mal compris le choix du red-chef lors de la conférence de 15h et je n’ai pas corrigé mon erreur alors que j’aurais du la voir à chaque fois que je jetais un oeil sur le conducteur dans l’après-midi. Premier point.

Le second : le tunnel sur les inondations était trop long ; j’ai oublié de retirer une info alors que j’avais annoncé à la scripte que je l’enlèverai ; et j’aurais dû dire au red-chef que c’était, de toute façon, impossible de traiter toutes ces informations sans aucune image, j’aurais dû le convaincre qu’il fallait qu’il modifie le conducteur.

Le malaise se poursuit. A la différence du midi, je ne reçois pas de compliments en régie. Et à la sortie de la loge (dé)maquillage, tout le monde est parti. Je n’ai plus qu’à rentrer chez moi, sans un long débrief, avec ce sentiment d’avoir moins bien réussi mon second JT.

Avec le temps, je relativise ces erreurs de forme et de fond. Comme on dit, maintenant que je les ai faites, au moins, je ne les referai plus ! Enfin… il faudra le prouver. La prochaine fois ?

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