Pour un cours avec une journaliste de l’AFP, je suis allé à l’Assemblée Nationale et j’ai rencontré André Chassaigne, député communiste, lors d’une conférence de presse. J’ai écrit une dépêche sur le sujet, mais je préfère vous en présenter ici une version longue et légèrement éditorialisée.

Les députés de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), sans trancher entre le vote contre et l’abstention (!), sont surs d’une chose : ils «ne voteront pas» le budget 2013 «en l’état». C’est le député communiste André Chassaigne, président et porte-parole du groupe, qui l’a déclaré ce midi à l’Assemblée nationale.

«Nous ne voterons pas la partie recettes du budget en l’état», a annoncé le président et porte-parole du groupe GDR (qui compte 11 députés FDG et 4 rapatriés), alors que s’ouvre ce mardi à l’assemblée nationale l’examen du projet de loi de finances pour 2013. «Ce n’est pas une posture mais un positionnement de conquête», «extrêmement offensif», a assuré M. Chassaigne. Les options du vote contre et de l’abstention restent ouvertes : «à l’issue des débats, on fera le bilan des avancées que l’on aura pu obtenir», a-t-il annoncé.

Les députés GDR devraient reprendre de nombreux amendements précédemment votés au Sénat par la majorité de gauche mais refusés à l’Assemblée nationale du temps de Nicolas Sarkozy et de l’UMP majoritaire. Ils espèrent que les socialistes sauront reconnaitre leurs propres idées et les voteront.

Rappelons que c’est la première fois que le Front de Gauche (FDG) est amené à s’exprimer sur un budget socialiste. On peut toutefois noter qu’en 2001, le PCF avait approuvé le projet de Lionel Jospin. Mais depuis, le PCF a intégré cette nouvelle formation qu’est le FDG, dont Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) est la figure de proue, lequel n’a pas la même sympathie pour ses anciens camarades socialistes que peuvent en avoir les élus communistes. Jean-Luc Mélenchon s’est d’ailleurs clairement prononcé contre le budget du gouvernement Ayrault. Reste à savoir si les députés communistes voudront arrondir les angles avec le PS en choisissant l’abstention.

A noter par ailleurs qu’alors que je l’interrogeais sur l’intégration des oeuvres d’art dans le calcul de l’ISF proposée par un amendement socialiste voté par la commission des finances de l’assemblée (mais que les socialistes ne devraient finalement pas voter), M. Chassaigne a confié que les députés GDR y étaient «plutôt favorables», précisant qu’ils avaient déjà proposé un amendement en ce sens et qu’ils étaient «complètement ouverts à une modulation en fonction de l’usage qui peut être fait des oeuvres d’art».

 

POUR UNE VERITABLE REFORME FISCALE

Les députés GDR voudraient «aller beaucoup plus loin» dans la réforme de l’impôt sur le revenu. Ils proposeront «une véritable réforme fiscale», «un impôt qui tienne compte du coût de la vie» et «une progressivité allant beaucoup plus loin, jusqu’à une tranche supplémentaire à 70%», a expliqué M. Chassaigne.

Interpellé sur le slogan «au-dessus de 360.000 euros, je prends tout», qui était celui de Jean-Luc Mélenchon, candidat Front de gauche (formation dont sont issus 11 des 15 députés GDR) à la dernière élection présidentielle, l’élu communiste a refusé toute comparaison. «Ce discours a pu être porté effectivement, mais je ne crois pas qu’il était inscrit dans notre programme», a répondu M. Chassaigne. Le programme du Front de gauche défendait pourtant bien une tranche marginale à 100% au-delà de 360.000 euros de revenus annuels…

Pour rappel, M. Chassaigne et M. Mélenchon étaient respectivement le candidat communiste et le candidat Parti de Gauche candidats à la candidature à la présidentielle au nom du Front de Gauche. Leur combat à la primaire interne du PCF avait fait jazzer chez les militants, qui avaient (heureusement ?) choisi l’ancien socialiste pour les représenter. Mais la séquence a sans doute laissé des traces et ces deux là ne sont certainement pas les meilleurs amis du monde.

 

DAVANTAGE TAXER LES REVENUS DU CAPITAL

Concernant la taxation du capital, le président du groupe GDR a dénoncé la timidité du gouvernement. «On ne revient même pas à la taxation qui avait lieu avant 2007, c’est extrêmement timide ce qui est mis en oeuvre», a jugé M. Chassaigne. «Il ne s’agit pas d’aller prendre la totalité des gains», a assuré l’élu communiste. «Allons vers une justice fiscale », s’est-il exclamé, son groupe réclamant de nouvelles taxes sur la rémunération et les indemnités de départ des dirigeants d’entreprises.

Revenant sur les concessions du gouvernement socialiste sur la taxation des cessions d’entreprises après qu’un groupe d’entrepreneurs ait engendré un large mouvement de protestation, M. Chassaigne a stigmatisé les «reculs gouvernementaux» . « Un cap doit être pris, il doit être tenu, mais en aucun cas se laisser berner par des campagnes qui sont conduites en particulier par le Medef, qui considère qu’il n’en a jamais assez», a-t-il conclu.

 

TAXER C’EST BIEN, TAXER POUR RELANCER C’EST MIEUX

M. Chassaigne a regretté les nouvelles recettes trouvées soient «tout simplement mobilisées pour réduire les déficits». «Ces recettes supplémentaires ne sont pas destinées à répondre aux besoins des populations : aller vers des politiques d’investissement, vers une relance de la croissance. Elles ne servent pas le peuple de France mais des intérêts financiers européens», déclaré le président du groupe GDC.

Le gouvernement prévoit un effort de redressement budgétaire global de 37 milliards d’euros en 2013 pour ramener le déficit public à 3% du produit intérieur brut, un objectif menacé par le ralentissement de la croissance économique. Le projet de budget 2013, présenté vendredi 28 septembre en conseil des ministres, vise à en limiter l’impact sur l’activité. Les 20 milliards d’euros de hausses d’impôts prévues sont ainsi ciblées sur les ménages les plus aisés et les grandes entreprises.