Je ne me souviens plus…

Je ne me souviens plus où j’ai pu lire que, en moyenne, la mémoire des français à propos de la « chose publique » ne dépasse pas les 6 mois. En d’autres termes, quand une échéance électorale approche, seuls les évènements des 6 derniers mois ont une réelle importance, un potentiel impact sur le choix des citoyens.

Comme je viens de le dire, j’ai oublié d’où vient cette donnée, je ne saurais donc en assurer la crédibilité. Mais l’histoire électorale de notre pays ne va-t-elle pas dans le sens de cette théorie ?

– En 2006, qui pouvait croire qu’une certaine Ségolène Royal serait bientôt la candidate du PS face à Nicolas Sarkozy ?

– En 2001, qui était en mesure d’affirmer que Lionel Jospin, bon bilan de gouvernement sous le coude, serait bientôt dépassé dans les urnes par un Président transparent et une extrême-droite plus que vieillissante ?

– En 1994, les sondages ne plaçaient-ils pas Édouard Balladur autour des 30%, avec deux fois moins de points pour Jacques Chirac… lequel allait pourtant l’emporter en 1995 ?

Peut-être existe-t-il d’excellents observateurs de la vie politique et de la société française qui ont toujours sû pressentir ces évènements politiques un an avant leur survenue. Mais il me semble plus probable que, effectivement, les quelques mois qui précèdent une élection soient les seuls qui comptent.

 

 

C’est l’importance des campagnes électorales que je voudrais souligner. On s’accorde aujourd’hui à dire que Nicolas Sarkozy est un incroyable combattant, qu’il excellence en campagne… mais que cette fois, il est en très – très – mauvaise posture. Je pense que non. Nous entrons seulement dans cette fameuse période, ces six mois qui comptent. En vérité, les seuls qui comptent. Oubliez ce qui a pu se passer jusqu’ici, les français sont déjà en train de le faire. Laissez passer les sondages actuels, ils n’ont aucune vertu informative. L’énergie réflexive, intellectuelle et militante, si l’on vise quelque chose pour l’élection présidentielle de 2012, c’est véritablement à partir de maintenant qu’il faut la mobiliser.

Attention, ce qui s’est passé pendant ce presque-quinquennat n’est pas sans intérêt. Les interprétations des évènements passés, les inventaires, vont être réalisés de tous les côtés, ils vont se confronter, on va faire le bilan. Mais à partir de maintenant, tout redevient possible pour tout le monde.

Nous entrons comme dans le dernier tour d’une partie de poker. Disons que les réformes, les anecdotes, les affaires, toutes les péripéties de la vie politique de ces dernières années, sont autant de cartes qui ont été jouées et qui ont plutôt permis à la gauche de se refaire face à une droite en déliquescence. Mais aujourd’hui, les cartes sont ramassées et redistribuées. Oh, elles n’ont pas disparu, elles restent les mêmes. Mais les points marqués grâce (perdus à cause) d’elles, c’était aux tours d’avant. Désormais, à 6 mois de l’échéance, nous entrons dans l’ultime tour : les compteurs sont remis à zéro. En manipulant intelligemment les cartes précédentes, comme en en dévoilant de nouvelles, tout le monde est encore en mesure de remporter la mise.