Merville est une commune située à 40km à l’ouest de Lille. Elle est surtout ancrée au bord de la Lys, une rivière dont les crues se font souvent dangereuses. Hier, le cour d’eau était en vigilance jaune, à cause de fortes averses s’abattant sur la région, quelques jours après des intempéries déjà intenses. Sur internet, notamment sur le site web de La Voix du Nord, des informations très inquiétantes étaient publiées. Certains quartiers seraient coupés du monde à cause de la montée des eaux, qui aurait rendu plus d’une dizaine de routes infranchissables. J’étais sur place pour relater les faits. Voici la réalité : le centre-ville est paisible, aucun problème, la normalité-même ; à 15h00, deux ou trois rues, plus en périphérie, sont inondées mais les voitures passent encore ; la pluie se fait de plus en plus rare au fil de l’après-midi ; enfin, tout de même, une maison est inondée de quelques centimètres, car située au bord d’un étang engorgé. Plus tard, j’apprendrai qu’une autre maison est également inondée.

Avec tout ça, je dois concocter un reportage « en boite noire ». Je m’installe donc dans le camion satellite, choisis mes interviews, écris et enregistre mon commentaire. Voici le résultat monté et mixé à Lille.

 

Comme toujours avec les histoires d’inondations, un direct est bienvenu. Je reste donc sur place jusqu’à 19h00 pour réaliser un duplex. Je vais y dire ce que j’avais pris soin de ne inclure dans le commentaire du reportage et j’ai prévu d’évoquer la météo, pour donner une idée de la suite des évènements. Tout mon problème reste alors de mesurer mon propos, de ne pas dramatiser la situation, mais de ne pas la négliger non plus (il y a tout de même des gens qui ont eu besoin d’être relogés, d’autres qui sont peut-être inquiets). Voici donc les mots que j’ai choisi.

 

 

Après coup, en discutant avec mon collègue JRI, je me suis dit que j’aurais dû relativiser davantage les choses, ne serait-ce qu’en précisant qu’il n’y avait que « quelques » routes inondées, que la plupart restaient franchissables en voiture, et que les maisons inondées étaient des cas très particuliers… Je me dis aussi que j’aurais pu être plus expressif au niveau du visage (en fait le froid et l’humidité m’ont franchement handicapé, je claquais des dents avant le direct). Aujourd’hui, le rédacteur en chef m’a tout de même félicité, il a trouvé que je progressais sur cet exercice, même s’il aurait préféré que je sois plus dégourdi encore (en jouant avec les piquets, le tract, en disant « ici les gens que nous avons raconté… » etc.). Je suis quand même plutôt satisfait, au final.