Aujourd’hui, j’ai tourné un sujet sur la pollution de l’air dans la région. Le niveau alerte (3e après « normal » et « recommandation ») est dépassé depuis mercredi, à cause de particules fines en provenance de l’Est, qui s’ajoutent aux nombreuses particules produites dans la région, déjà parmi les plus polluées à la base.
Au matin, un chef m’a donné tous les éléments : le mail de Bison-Futé avec les informations relatives à l’alerte, le nom – athmo – d’une association qui effectue tous les relevés et qui est très bonne en communication, l’idée de contacter l’Agence régionale de la santé (ARS), celle de faire un micro-trottoir (pas top l’idée…) et enfin celle d’assister à un éventuel contrôle de la route (car la préfecture recommande de réduire sa vitesse de 20 km/h).
Il s’avèrera que les gendarmes n’organiseront pas de contrôle particulier dans la journée. Il me faudra donc bel et bien compenser avec un micro-trottoir auprès de conducteurs. L’ARS est difficile à joindre : je finirai par avoir un rendez-vous à 16h30, bouclé en fait vers 17h, juste avant de monter. Quant à Athmo, ils sont effectivement très sympa, ils me fourniront des données et auraient été tout à fait près à m’accueillir pour une interview et quelques images.
Je n’irai pas voir Athmo. Pas besoin, me dis-je alors, car j’ai dans l’idée de faire faire une belle infographie à partir des données qu’ils me communiqueront. Quand je les reçois effectivement, je les rassemble et décrit mes désirs dans un fichier word, que je communique à l’infographiste. En résumé : il faut une image de l’europe avec une belle flèche qui montre la provenance du vent d’Est et des particules qu’il porte avec lui ; puis un zoom sur la région Nord – Pas-de-Calais, où apparaissent alors les niveaux de pollution de quelques villes.
Globalement, l’infographiste s’exécutera. Le début est assez bon, jusqu’au zoom, même si la flèche sur l’Europe est un peu grossière. Mais la deuxième partie de l’infographie… au secours !
- Pas de titre. C’est quand même la base de mettre un titre sur une infographie quand on est infographiste. Surtout que c’était dans le fichier descriptif que j’avais soumis.
- Pas de légende. C’est quand même, encore, la base, quand on met des chiffres sur une carte, de dire quelque part à quoi ils correspondent (en l’occurrence, c’était des « microgrammes de particules /m2 »). Surtout quand, encore, c’était dans ma description.
- Pas cadré. Les données touchent le haut de l’écran, il n’y a aucune marge, alors qu’il y a du vide en bas.
- Pas lisible. Au secours, le rouge pixellisé sur le bleu quoi… Et les noms de villes disposés n’importe comment. Non mais on est où ?
- Fond de carte inadéquat. Dès le départ, ma collègue s’est plantée, en prenant une carte du Pas-de-Calais (c’est bien ce département qui est coloré en blanc et ombré) et non de la région.
- Notez qu’à l’origine, il y avait un carré noir en plein milieu de la carte. Je ne sais pas d’où il sortait. Il a fallu que la monteuse mette un cache devant pour rattraper le coup. Comment l’infographiste a-t-elle pu envoyer un travail pareil ?
J’avais commandé cette infographie – je résume, une carte avec quelques chiffres à afficher sur des noms de villes, pas bien compliqué quoi – avant 16h00. A 18h00, j’ai découvert ce résultat, avec pour précision : « je peux rien changer, je finis à 18h00, et puis quand tu as des choses comme ça à demander, il faut le faire plus tôt, parce qu’on a plusieurs demandes en même temps et c’est compliqué ». Bien. Il faudra m’expliquer pourquoi une infographiste termine à 18h00 quand le journal est programmé à 19h00. J’aimerais aussi qu’un vrai professionnel me dise combien il faut effectivement de temps pour faire ce travail, mais je ne pense vraiment pas qu’il faille plus d’une heure (ou alors je suis moi-même un infographiste de talent).
Bref, j’étais assez agacé. L’infographie était centrale dans ce sujet. Que faire ? J’ai décidé de ne rien changer ou presque à ce que j’avais prévu. J’ai adapté mon commentaire pour combler l’absence de légende. Mais j’ai conservé cette infographie, en disant que si la rédaction en chef ou le téléspectateur avaient quelque chose à redire, la faute ne serait pas de moi. Je n’ai pas voulu cacher que j’avais voulu faire une infographie, que mon sujet avait été pensé de cette manière, que j’avais récupéré des données etc. Et puis j’ai déjà vu des infographies si horribles sur France 3 qu’à la limite, je pensais pas que quelqu’un me ferait une remarque.
Je suis d’accord, j’ai fait ma mauvaise tête, c’était limite, j’aurais peut-être dû me passer de l’infographie, combler avec d’autres images, tant pis pour la reconnaissance de mon initiative. Quoi qu’il en soit… personne ne m’a fait de commentaire sur ce sujet.