Pour un cours avec une journaliste de l’AFP, je suis allé à l’Assemblée Nationale et j’ai rencontré André Chassaigne, député communiste, lors d’une conférence de presse. J’ai écrit une dépêche sur le sujet.

PARIS (07/08/12) – Les députés de la Gauche Démocrate et Républicaine (GDR), sans trancher entre le vote contre et l’abstention, «ne voteront pas» le budget 2013 «en l’état» et sont «plutôt favorables» une soumission des oeuvres d’art à l’ISF, a déclaré mardi le président du groupe André Chassaigne.

«Nous ne voterons pas la partie recettes du budget en l’état», a annoncé le président et porte-parole du groupe GDR, alors que s’ouvre ce mardi à l’assemblée nationale l’examen du projet de loi de finances pour 2013. «Ce n’est pas une posture mais un positionnement de conquête», «extrêmement offensif», a assuré M. Chassaigne. Les options du vote contre et de l’abstention restent ouvertes : «à l’issue des débats, on fera le bilan des avancées que l’on aura pu obtenir», a-t-il annoncé.

Interrogé sur l’intégration des oeuvres d’art dans le calcul de l’ISF proposée par un amendement socialiste voté par la commission des finances de l’assemblée, M. Chassaigne a confié que les députés GDR y étaient «plutôt favorables», précisant qu’ils avaient déjà proposé un amendement en ce sens et qu’ils étaient «complètement ouverts à une modulation en fonction de l’usage qui peut être fait des oeuvres d’art».

Les députés GDR voudraient «aller beaucoup plus loin» dans la réforme de l’impôt sur le revenu. Outre la reprise de nombreux amendements votés par la gauche au Sénat mais bloqués par l’ancienne majorité à l’Assemblée, ils proposeront «une véritable réforme fiscale», «un impôt qui tienne compte du coût de la vie» et «une progressivité allant beaucoup plus loin, jusqu’à une tranche supplémentaire à 70%», a expliqué M. Chassaigne.

Interpellé sur le slogan «au-dessus de 360.000 euros, je prends tout», qui était celui de Jean-Luc Mélenchon, candidat Front de gauche (formation dont sont issus 11 des 15 députés GDR) à la dernière élection présidentielle, l’élu communiste a refusé toute comparaison. «Ce discours a pu être porté effectivement, mais je crois pas qu’il était inscrit dans notre programme», a répondu M. Chassaigne. Le programme du Front de gauche défendait pourtant bien une tranche marginale à 100% au-delà de 360.000 euros de revenus annuels.

Concernant la taxation du capital, le président du groupe GDR a dénoncé la timidité du gouvernement. «On ne revient même pas à la taxation qui avait lieu avant 2007, c’est extrêmement timide ce qui est mis en oeuvre», a jugé M. Chassaigne. «Il ne s’agit pas d’aller prendre la totalité des gains», a assuré l’élu communiste. «Allons vers une justice fiscale », s’est-il exclamé, son groupe réclamant de nouvelles taxes sur la rémunération et les indemnités de départ des dirigeants d’entreprises.

Revenant sur les concessions du gouvernement sur la taxation des cessions d’entreprises après qu’un groupe d’entrepreneurs ait engendré un large mouvement de protestation, M. Chassaigne a stigmatisé les «reculs gouvernementaux» . « Un cap doit être pris, il doit être tenu, mais en aucun cas se laisser berner par des campagnes qui sont conduites en particulier par le Medef, qui considère qu’il n’en a jamais assez», a-t-il conclu.

M. Chassaigne a regretté les nouvelles recettes trouvées soient «tout simplement mobilisées pour réduire les déficits». «Ces recettes supplémentaires ne sont pas destinées à répondre aux besoins des populations : aller vers des politiques d’investissement, vers une relance de la croissance. Elles ne servent pas le peuple de France mais des intérêts financiers européens», déclaré le président du groupe GDC.

Le gouvernement prévoit un effort de redressement budgétaire global de 37 milliards d’euros en 2013 pour ramener le déficit public à 3% du produit intérieur brut, un objectif menacé par le ralentissement de la croissance économique. Le projet de budget 2013, présenté vendredi 28 septembre en conseil des ministres, vise à en limiter l’impact sur l’activité. Les 20 milliards d’euros de hausses d’impôts prévues sont ainsi ciblées sur les ménages les plus aisés et les grandes entreprises.