Difficile journée hier. Car difficile sujet. J’avais rendez-vous à 10h30 dans une nouvelle entreprise, qui allait être inaugurée l’après-midi, avec son patron, pour une visite. L’idée était d’envoyer des images par satellite pour midi, de préparer le patron pour un duplex en direct dans le journal, et d’avoir de quoi faire un sujet le soir, en ajoutant des archives. Mais ça ne s’est pas passé exactement comme prévu.

L’entreprise dont nous parlons, c’est Dispeo, un prestataire de services, désormais basé à Hem (métropole lilloise). Quel service ? La préparation de commandes faites par internet. En d’autres termes : faire des colis. Mais ce n’est pas rien. Cette nouvelle plateforme est la plus grande de France : 40.000 m2. Et elle appartient au groupe 3Si, anciennement appelé 3 Suisses International. Du coup, mon rédacteur en chef m’a demandé de donner un angle historique à mon sujet. L’idée était, une fois Dispeo présenté, de parler des 3 Suisses – qui sont basés dans la région – et de la place historique du Nord-Pas-de-Calais dans le secteur de la vente à distance.

Or le patron de Dispeo n’a pas voulu parler des 3 Suisses et m’a plutôt convaincu que ce n’était effectivement pas le sujet, Dispeo et 3 Suisses étant de simples enseignes parmi beaucoup d’autres, au sein de l’immense groupe 3Si. En gros, comme disait mon collègue JRI, questionner Dispeo sur 3 Suisses, c’est comme interviewer TF1 pour parler de Bouygues Telecom. Du coup, je suis reparti de la visite (vers 13h00) en me disant que mon sujet s’arrêterait à la présentation de Dispeo, ce sera une sorte de visite télévisée d’une innovation régionale.

Mais un coup de fil à mon rédacteur en chef (qui a changé entre temps) me fait prendre conscience que ce n’est pas suffisant. Je ne peux pas avoir qu’un interlocuteur dans mon sujet, à savoir le patron. Il me faut absolument autre chose, raconter l’histoire d’un salarié par exemple (ils sont 450 employés sur le site et 1000 dans l’entreprise – qui a d’autres entrepôts). Mais idiot que je suis, je n’en ai pas interviewé ! J’y ai pensé plusieurs fois, évidemment, mais je ne sais pas, j’étais comme abruti hier matin. Je crois que je me suis trop laissé porter et emporter par le moment : une visite calée avec un PDG, des images à assurer dans un délai limité, etc.

Bref, de retour à la rédaction, il me fallait trouver un nouvel interlocuteur. J’ai contacté la région, les 3 Suisses (qui sont le seul client de Dispeo pour le moment), la chambre du commerce,… et j’ai finalement obtenu une interview d’un analyste chez Euratechnologies, un pôle d’innovation de la métropole lilloise (si j’ai bien compris – je ne connaissais pas). Elle sera réalisée par un collègue à 17h00, pendant que je débuterai mon montage.

Avant de monter, il me restait encore à travailler le sujet, car en discutant avec d’autres collègues, des analyses différentes me faisaient de mon point de vue et donc sur l’angle de mon commentaire. A propos de Dispeo, je m’interrogeais sur son caractère innovant ou pas par rapport à l’arrivée d’Amazon dans la région (avec un entrepôt encore deux fois plus grand, en construction vers Douai), sa proximité ou pas avec les 3 Suisses et l’enjeu de la fin du catalogue par rapport aux ventes en ligne, la pertinence de la stratégie du groupe 3Si qui s’est beaucoup restructuré,… Bref je ne maîtrisais pas suffisamment ce sujet. Peut-être n’ai-je pas été assez précisément aiguillé avant de partir en tournage. Sans doute ai-je manqué de spontanéité pour faire des interviews. Manifestement, le temps m’a manqué pour me « mettre à niveau » sur le fond. L’expérience aussi, pour avoir des contacts régionaux et fiables pour m’informer.